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Parcours atypiques : Les anciens qui sortent du cadre - N°1 - Thibaud GRIEBEL
Temps de lecture : 7min
Thibaud GRIEBEL, diplômé en 2014, a tracé un chemin peu commun mais en profonde adéquation avec ses valeurs et son goût de la nature, de responsable de production à apiculteur engagé dans un projet de ferme collective près de Grenoble.
Son parcours atypique, entre césure en Amérique du Sud, gestion de production et reconversion agricole, montre qu’il est toujours possible de redéfinir sa voie.
Qui es-tu ?
"Thibaud Griebel, j’ai 35 ans, j’ai été diplômé en 2014 et je suis passionné de montagne. J’ai fait beaucoup de ski, un peu d’escalade, un peu de parapente et actuellement je suis apiculteur et en train de monter une ferme collective. On va faire du maraîchage et de l’apiculture dans les alentours de Grenoble."

Ton parcours au GSI
Thibaud est arrivé à l’ENSGSI en première année Ingénieur et a fait une année de césure entre la deuxième et la troisième année durant laquelle il a fait du woofing pendant 8 mois en Amérique du Sud. Il est parti avec l’envie de découvrir le monde, de s’ouvrir et sortir de son quotidien. Il explique : "Ça m'a donné confiance en moi et ça m’a permis d’apprendre l’espagnol et de m’ouvrir à une autre culture, un autre mode de fonctionnement. Les Latins sont beaucoup plus avenants et ça c’est quelque chose qui est nouveau pour moi et que j’ai beaucoup apprécié. Et puis le fait d’être tout seul aussi m’a donné confiance en moi, sur ce que j’avais envie de faire. C'est un peu là qu’est né le projet de reconversion, ça m’a questionné sur ce que j’avais vraiment envie de faire, tout seul, sans contraintes extérieures."
Au départ, Thibaud a choisi de venir à l’ENSGSI car il visait une carrière dans le monde industriel. L’entretien qu’il a passé pour entrer l’a fortement attiré vers l’école, en effet, il lui a été demandé de construire quelque chose en groupe et on l’a observé fonctionner. C’est cet aspect de l’école avec l’humain au cœur qui lui a donné envie d’y aller.
Et après le diplôme ?
Quel a été ton parcours juste après le GSI?
"J’ai fait un stage de 6 mois en tant qu’ingénieur de production dans les Vosges et j’ai enchaîné avec un CDD de 6 mois où l’idée était de démarrer une usine de production de recyclage de polyester. C’était une ligne de fabrication qui arrivait de Chine et il fallait l’installer dans une usine vide pour essayer de démarrer les machines. Malheureusement ça s’est mal passé du coup au bout des 6 mois de CDD, l’usine a mis la clé sous la porte en quelques sortes.
Après j’ai enchaîné sur un autre métier, toujours dans la production mais cette fois-ci à Grenoble. J’étais responsable d’équipe de production, d’abord la nuit, dans une entreprise qui s’appelle MiniTube, et qui fabrique des petits tubes en métal à destination de l’industrie médicale, pour fabriquer des cathéters, des stents… J’y suis resté jusqu’en 2020. "
Ce métier de responsable d’équipe a été très enrichissant pour Thibaud, en effet, il a managé une équipe entre 25 et 30 personnes dans une entreprise en pleine croissance. Son travail était concret, dynamique et intégrait cet aspect humain qui lui tient à cœur.

Thibaud et ses associés
"J’ai fait ensuite une année de formation en 2021, un BPREA, qui est une formation agricole pour adultes en maraîchage jusqu’à la fin de 2021. Et après, de 2022 jusqu'à aujourd’hui, je me suis lancé dans l’apiculture tout seul, à mon compte. Et aujourd’hui je suis en train de créer une ferme collective où on est 4 associés et on fait du maraîchage et de l’apiculture. Notre ferme va s’appeler le GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation Commun) des Mélilots, près de Grenoble "
Bien qu’il ait eu envie depuis toujours d’avoir un travail concret au contact de la nature, le vrai déclic est venu en 2020, juste après le confinement. Thibaud découvre le monde de l’apiculture lors d’un woofing auprès d’un ancien ingénieur, lui aussi en reconversion. Inspiré, il décide de se former sérieusement.
Tu as arrêté de travailler pendant l’année de formation ? Comment ça s’est passé?
"J’ai bénéficié d’un dispositif qui s’appelle Transition Pro, où je suis resté salarié de mon entreprise pendant toute la durée de ma formation. Et à la fin de ma formation, j’ai décidé de quitter mon entreprise pour me lancer. Ça a été très sécurisant pour moi, parce que c’était un nouveau métier, de nouvelles contraintes… Donc le fait de rester salarié, ça a sécurisé la transition qui était engageante."
Ton métier et ton projet
À quoi ressemble une journée type ?
"C’est très saisonnier. A partir de novembre les abeilles ne sortent plus trop, il fait trop froid et la forte saison commence mi mars. Une journée type serait de préparer le matériel le matin, organiser la journée, puis à partir de 10h ou 12h aller sur les ruches, faire les opérations qui sont nécessaires et après je vais d’emplacement en emplacement. Les journées sont vraiment variées, entre les jours de production, les jours de commercialisation, les jours de formation…
Ce sont des métiers qui sont très techniques, chaque jour je progresse encore. Je me considère comme un débutant après 3 ans de pratique, 3 saisons c’est peu en apiculture pour apprendre à bien décoder une ruche, un comportement, une dynamique des colonies. C'est un monde fabuleux donc les journées passent vite. "
Jusqu’à l’année dernière, Thibaud était seul dans son activité, bien qu’entouré de personnes venant d’autres fermes. En parallèle de ses débuts en apiculture, Thibaud imagine dès le départ un projet collectif, pour ne pas affronter seul les aléas du métier. Il a essayé à quelques reprises depuis 2022 de lancer ce projet et aujourd’hui, il est associé à des personnes rencontrées durant son parcours depuis un an.


Dans quelle phase du projet vous situez- vous actuellement?
"On a créé la société et on va commencer à cultiver dès ce printemps. Là on est dans la phase de réalisation des devis, on va construire nos outils, acheter le tracteur, monter les bâtiments, tout ça cette année. On va faire une petite année de commercialisation en 2025 et en 2026 ce sera la vraie année d’installation. C'est un projet ambitieux, conséquent, il y a 450 000 euros d’investissements sur 4 ans. "
Qu’est-ce qui te plait dans ton métier actuel ? Ce qui te plaît moins ?
"Ce qui me plait c'est le contact avec la nature et le fait de devoir s'adapter. A chaque fois qu'on ouvre une ruche c'est la surprise, de voir ce qu'il se passe, si tout va bien ou s’il faut intervenir. Ce que j'aime aussi dans ce métier c'est qu'il est complet, les journées ne se ressemblent pas et il y a tout à prévoir. il y a les journées de production, il y a la stratégie commerciale, il y a la planification : si on veut bien réussir sa saison il faut anticiper un certain nombre de choses, le matériel, les dates où on peut déplacer des ruches, les dates où on veut faire de l’élevage de reines…"

Il ajoute ensuite qu’un des inconvénients du métier est le besoin d’adaptation constant à la météo, qui constitue une certaine source de stress, mais qui fait la beauté du métier. Enfin, l’aspect solitaire de son métier ne coïncidait pas avec son envie de contact humain, mais son projet de ferme collective a résolu cet inconvénient.
Ta vision du GSI
As-tu utilisé des outils et méthodes du GSI pendant ton parcours? Lesquels?
"Des outils et méthodes précis non, mais ce que j'ai retenu du GSI et qui m'apporte beaucoup c'est de prendre du recul sur les situations. On nous apprend à bien poser les problèmes et intégrer tous les facteurs, notamment humains, avec la gestion du collectif et de traiter le problème globalement. C'est vraiment important et ça m'a aidé dans tout mon parcours d’avoir cette vision globale, de prendre du recul, et accepter de sortir du cadre. C'est une force de l'école. "
Les bases de la méthodologie de gestion de projet qu’il a retenues de ses années à l’école ont été un atout de taille pour monter la ferme collective. Notamment la compréhension de l’évolution d’un projet, effectuer des plans de financement, du rétroplanning etc.
Est-ce que tu penses que ce que tu as fait en développement personnel dans le pôle MP3 t’as aidé à mieux te connaitre, notamment pour ta reconversion ?
"Complètement, le projet est né de là aussi. C'est le fait de questionner qui je suis, ce que j’ai envie de faire, quelles sont mes valeurs qui ont remonté en moi. Travailler sur le développement personnel a fait émerger cette idée, cette envie d'être au contact de la nature, d'avoir un projet qui a du sens."
Quels conseils donnerais-tu aux futurs anciens ?
"Le conseil que je donnerais c'est de faire ce qu'ils ont envie de faire, aujourd'hui, plein de choses sont possibles, des reconversions de plein de manières différentes. Et ce n’est pas parce qu'on a choisi une voie au début qu'on ne peut pas changer.
Fais ce que tu as envie de faire, dans n'importe quel domaine, il existe plein de choses, dans l'ingénierie ou dans autre chose. Chacun peut trouver son compte, je pense"
Un mot de la fin?
"La vie est belle ! Je suis vraiment heureux de cette reconversion et fier de mon parcours et j'encourage tous ceux qui veulent se lancer dans l'agriculture ou dans de nouveaux projets qui sont bons pour la planète, c'est vraiment un monde merveilleux. "
Crédit photo : Thibaud Griebel
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/thibaud-griebel-9a1513ab/
La ferme collective : https://www.gaecdesmelilots.fr/
L'article en 2 min
Thibaud Griebel, diplômé de l’ENSGSI en 2014, a effectué un parcours de reconversion vers une vie plus alignée avec ses valeurs.
Après des débuts dans la production industrielle, notamment dans les Vosges puis à Grenoble avec un poste de responsable d’équipe, il a ressenti le besoin d’un lien plus direct avec la nature.
Ce déclic est venu en 2020, après le confinement, lors d’un woofing apicole. Il a alors quitté l’industrie pour entamer une formation en maraîchage, sécurisé par le dispositif Transition Pro. Il est alors devenu apiculteur indépendant.
Aujourd’hui, il concrétise un rêve : la création d’une ferme collective, le GAEC des Mélilot, près de Grenoble. Ce projet regroupe 4 associés autour de l’apiculture et du maraîchage.
Le métier de Thibaud est technique, varié, exigeant mais gratifiant et surtout en accord avec ses valeurs.
Il a surtout retenu de son passage à l'école une vision systémique, des compétences en gestion de projet et surtout une capacité à prendre du recul et à oser sortir du cadre.
"Le projet est né de là aussi : questionner qui je suis, ce que j’ai envie de faire…"
Son message est clair : il est toujours possible de changer de cap, avec audace et cohérence.
Et comme il le dit si bien :
« La vie est belle ! »
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